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histoireN'oublions pas nos militantes : Suzette Robichon, le lesbianisme en héritage

Par Tom Umbdenstock le 08/09/2023
Suzette Robichon est une éditrice et militante lesbienne historique

[N'oublions pas nos militants, ép.5] Cofondatrice d’un des premiers groupes de lesbiennes en France, journaliste et éditrice, la militante Suzette Robichon, qui a activement participé à transmettre la pensée de Monique Wittig, continue de vivifier la mémoire lesbienne. 

C'est dans un troquet du XIVe arrondissement, où elle habite, que Suzette Robichon nous rejoint. Elle s'assied, commande un café et sort de ses affaires une petite feuille de papier, où sont notées quelques dates. À la croisée des causes lesbienne, féministe et trotskiste, entre son implication dans des partis, des journaux, des conférences, des manifestations et des fondations, la militante, qui a consacré sa vie à faire de la place aux lesbiennes, est une des figures militantes majeures de la communauté lesbienne française.

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Il n'a d'ailleurs pas été facile de lui voler un moment pour discuter de ses années militantes, qui se poursuivent et ne lui laissent que peu de répit. En mars, Suzette Robichon était Berkeley, aux États-Unis, pour participer à un colloque international sur Monique Wittig, dont elle a activement participé à propager le travail et la pensée. Tout à l’heure, elle a rendez-vous pour préparer la cérémonie d’inauguration d’une plaque commémorant Eva Kotchever et Hella Olstein, lesbiennes déportées à Auschwitz.

Une enfance occitane

Tant de choses à retracer, à commencer par ses premières années dans le Tarn-et-Garonne, où elle est née en 1947. De cette jeunesse dans la campagne du Sud-Ouest, elle garde une pointe d’accent toulousain et le souvenir du travail physique. Mais aussi des valeurs, qu'elle revendique, notamment celles de son père, communiste, et le goût du service public, transmis par sa mère. "Ma mère fait partie de ceux qu’on pourrait appeler les hussards de la République, explique la militante. Ce sont ces enseignants issus de la toute petite paysannerie.Pendant la guerre, son père, passé "en zone libre pour échapper au STO", y fait la rencontre de son épouse. Il deviendra par la suite gardien de la paix, et militant CGT. 

À l'école,Suzette Robichon se trouve dans une de ces classes uniques qui mêlent garçons et filles. Dans les petits villages, on ne les divisait pas selon le sexe, mais entre petits et grands. Alors que ces derniers sont pris en charge par des hommes, les petits ont une institutrice. Pour Suzette, ce fut sa mère. Dans son lycée, à Montauban, si les filles portent une blouse rose, sa qualité "fait que tu vois la classe, y’a pas de mystère”, pointe Suzette en se remémorant cette période. Aujourd’hui, sous ses fins cheveux argentés, coupés au-dessus des yeux et rabattus sur les oreilles, elle porte une veste bleue.

Sappho, Colette, Simone de Beauvoir…

À la recherche de traductions grecques, Suzette, devenue adolescente, fouille les étages de la bibliothèque municipale de Montauban. Elle découvre alors un recueil portant le nom de deux auteurs antiques, dont celui de la poétesse Sappho, qui y décrit son amour pour les femmes. “Je n'avais jamais entendu parler d'elle. Mais j’ai compris que c’était pour moi. Ça m’a parlé tout de suite. Je suis arrivée au terme de ‘lesbienne’ par la poésie de Sappho, nous explique Suzette Robichon en souriant. Par la suite j'ai trouvé dans la bibliothèque de ma mère un livre américain traduit, Diana, une autobiographie à peine romancée d’une lesbienne américaine.” Dans un foyer où il n’y a pas la télé, la littérature lui permet d'entretenir un lien avec ces femmes qui lui ressemblent, en lesquelles l'adolescente se reconnaît. Un lien qui ne la quittera plus. 

"Si j’avais su que Sagan vivait avec une femme, évidemment ça aurait offert d’autres images très positives."

Après guerre, la diffusion du format poche rend la lecture accessible au plus grand nombre. Suzette lit Colette, dont les romans écrits des décennies plus tôt dévoilent ses amours bisexuelles. Elle découvre aussi Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. “Même si l'on peut critiquer le chapitre de Beauvoir sur ‘la lesbienne’, au moins c’est un chapitre qui met un mot dessus", explique-t-elle. Et d'ajouter : "Si j’avais su que Sagan – qu’on voyait dans la presse et Paris-Match – vivait avec une femme, évidemment ça aurait offert d’autres images très positives.”

En 1964 paraît L’Opoponax, premier livre de Monique Wittig dans lequel la romancière raconte le monde d’une petite fille en utilisant le pronom “on”, qui situe la narration à l’intérieur en même temps qu’à l’extérieur du roman. Le subterfuge permet de contourner la question du genre des personnages. “À 17 ans quand je lis l’Opoponax, ce 'on' me parle parce que quelque part je sais que je suis lesbienne, et je n’ai pas de figures auxquelles m’identifier”, confie Suzette Robichon. À la sortie du lycée, ces rares mais précieux écrits se combinent chez l'adolescente au succès de la philosophie existentialiste, qui enflamme sa génération : “Sartre, Beauvoir, écrivains existentialistes importants alors, défendent l’idée que chacun est responsable de ses choix de vie.

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Même si pour moi il n’y avait pas une conscience lesbienne comme comme elle peut exister chez les générations d’aujourd’hui, c’est clair que ma vie n’allait pas être dans le mariage”, explique encore Suzette Robichon concernant ses jeunes années. Car féminisme et lesbianisme lui apparaissent déjà indissociables : "Je voyais bien comment les hommes se comportaient avec les femmes, en particulier à la campagne." Même si Suzette précise bien qu’elle n’a jamais eu de problème avec les hommes de sa famille, elle précise que "c'était [s]a mère qui préparait les repas". "Très rapidement, j’ai trouvé ça profondément injuste”, confie celle qui, dès sa jeunesse, dissèque les rapports hommes femmes. “Quand tu vis à la campagne, tu sais très bien ce qu’est la procréation, ajoute-t-elle. Les termes sont violents. On parle de rut, on voit un chien qui monte sur une chienne, on voit tout cela. Donc tu n'es pas dans un truc romantique à l’eau de rose.

Premières amours lesbiennes

La Montalbanaise, montée à Toulouse pour étudier en hypokhâgne, vit là-bas ses premières amours saphiques, qu'elle évoque à peine, expliquant pudiquement qu’"on a une forme de liberté quand on est en pensionnat”. Elle rapporte toutefois que ses parents ont plutôt bien accueilli la révélation de sa sexualité, mais se montre plus prolixe à l'évocation de son entrée dans la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR), à Toulouse, qui rassemblait la jeunesse trotskiste. “Et là on voit arriver un jour un garçon qui était au Parti Communiste [PC], exclu parce qu’homosexuel”, raconte Suzette. À la JCR, le jeune homme, nommé Guy, tente de concilier son orientation sexuelle et ses convictions communistes. “Ça ne veut pas dire que c’était réellement accepté et compris, mais en tous cas il a pu se joindre à nous en étant ouvertement homosexuel.” C'est lui qui l'héberge ensuite lorsqu'elle rejoint Paris, au début des années 1970. "À l'époque, il n’y a rien à Toulouse, et tout le monde sait que Paris attire les gays et les lesbiennes. Et puis je suis militante politique, et j’ai envie de me mettre là-dedans à fond”, explique celle qui devient permanente politique et journaliste à Rouge, journal de la Ligue communiste révolutionnaire. “J'étais permanente, au SMIG [devenu le SMIC], et tout le monde avait le même salaire", raconte Suzette. Elle ajoute : "Ma retraite aujourd’hui est un peu misérable. Mais c’étaient des années extraordinaires qui m’ont apporté énormément.

Très prise par son métier, elle n’a pas participé au Mouvement de Libération des Femmes (MLF), ni aux Gouines rouges, formées par des militantes ayant quitté le Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR). N'étant pas passée par les universités parisiennes, ces groupes féministes “ne sont pas forcément faciles à trouver” pour Suzette, qui rencontre les gays et les lesbiennes de Paris dans “les 1er-Mai, où les premiers groupes homos et lesbiens vont manifester, puis à l’intérieur de la Ligue, où on les trouve aussi”. Côté militantisme, les pages de Rouge accueillent les écrits féministes et lesbiens de la journaliste, et s'y crée une rubrique “Homosexualités” dont elle devient responsable. 

Marxisme et lesbianisme

Suzette trouve en sa plume une des armes les plus efficaces pour faire connaître ses convictions. Dans ses écrits, la critique du capitalisme va de pair avec celle du patriarcat. “C’est un moment de débat dans l’extrême gauche, en tous cas chez les féministes, pour savoir si le patriarcat est antérieur ou pas au capitalisme”, résume-t-elle. Pour tout articuler, elle s'appuie avec ses collègues sur des textes communistes tels que L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, de Friedrich Engels. Ces discussions recoupent celles du courant des féministes matérialistes, qui entendent utiliser les outils du marxisme pour caractériser les rapports entre les sexes, considérant les femmes comme apparentées à une classe opprimée par celle des hommes. Dans cette logique, le contrat de mariage est un contrat de servage, et les relations hétérosexuelles sont intrinsèquement oppressives. Autrement dit, selon cette vision, patriarcat et hétérosexualité sont les deux faces d’une même pièce. Le lesbianisme, devenu radical et identité politique, devient aussi un moyen de s’en extraire.

Pour pouvoir se concentrer plus directement sur les questions lesbiennes, Suzette crée avec Nelly Martin et Sylvie Bompis, entre autres, le Groupe des lesbiennes de Paris, en 1978. La militante avance qu'il s'agit du "premier grand groupe constitué de lesbiennes à Paris, au moment où s'en crée un peu partout en France.” Car dans les Groupes de Libération Homosexuelle (GLH), majoritairement masculins, qui se forment à la même période, “la place des femmes est un peu faible". Le projet des Lesbiennes de Paris est toutefois proche de celui des GLH. Il s'agit d’abord de “se rencontrer, de se raconter, et de manifester dans la rue, les 1er-Mai et les 8 mars". "On a fait une banderole ‘Lesbiennes et heureuses de l’être'", rapporte fièrement la septuagénaire. Les lesbiennes de l'époque cherchent à trouver leur place, qu'elles disputent à celle des "homos", terme qui désigne pour elles les hommes gays, sans inclure les femmes. Un universel alors considéré comme trompeur, et dont il faut se distinguer. 

En 1979, toujours dans l’idée de politiser la question lesbienne, le groupe prend en charge plusieurs numéros de la revue Quand les femmes s’aiment, créée par leurs équivalentes lyonnaises l’année précédente. À l'intérieur se trouvent “des récits, et la même question récurrente de comment se situer par rapport au féminisme”. Les lesbiennes, parmi lesquelles se trouve Suzette, jugent en effet que les parutions féministes ne laissent pas suffisamment leur place aux sujets lesbiens. Parmi les sujets qu'elles décident de traiter, on trouve par exemple les “premiers procès qui dénient aux femmes lesbiennes le droit de garde de leurs enfants quand elles divorcent”. Mais l''aventure est de courte durée, la revue cessant de paraître en 1980.

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De Rouge à la création de Masques et Vlasta

À la même période, quand le quotidien Rouge devient un hebdomadaire, “on est plusieurs à devoir quitter le journal”, relève Suzette, qui cofonde Masques avec une partie des anciennes et anciens. "La revue est extrêmement importante parce qu’elle lie le culturel et le politique. Elle vise la qualité, et son tirage va exploser”, s'enorgueillit encore la militante. Hélas, de nouveaux débats finissent par envenimer les rapports au sein de la rédaction. “Il y a un débat très important sur la sexualité infantile, et ça a été une des causes de notre départ de Masques”, rappelle Suzette Robichon. Les journalistes Benoit Lapouge et Jean-Luc Pinard-Legry, qui défendent l’idée – devenue évidente aujourd’hui – que même un gay peut être violé par un homme, n’ont à l'époque pas les faveurs de la rédaction. “Ils se sont fait hyper maltraiter pour avoir défendu ce point de vue, et sont partis en même temps que nous”, raconte Suzette. Second point de désaccord : les questions culturelles, qui prennent de plus en plus de place dans la revue aux dépens des questions politiques. Enfin, dernier point : la représentation des lesbiennes, dans une revue qui avait fait le pari de la mixité, est décevante. “Les hommes étaient beaucoup plus représentés que nous dans la rédaction, et quasiment aucune amélioration n'avait lieu depuis la naissance de la revue” juge-t-elle rétrospectivement. Avec sept autres fondatrices et collaboratrices de la revue, Suzette Robichon quitte Masques pour fonder, avec Michèle Causse et d’autres, Vlasta, la Revue des fictions et utopies amazoniennes.

Revue de littérature lesbienne, Vlasta naît en 1983. L’équipe, composée uniquement de femmes, fait paraître des traductions d'œuvres lesbiennes ainsi que des entretiens. C'est ainsi qu'en 1985 ses membres décident de consacrer leur quatrième numéro à Monique Wittig. “Parce qu'après La Pensée straight, publié dans Questions Féministes en 1980, qui se termine par ‘les lesbiennes ne sont pas des femmes’ , elle désigne l’hétérosexualité comme un système patriarcal”, explique Suzette, qui a trouvé avec ce texte "une explication politique et théorique donnant du sens au fait d'être lesbienne”.

Il y a quelque chose de très important pour moi, c’est que quand je dis 'je', ce n’est jamais un 'je' individuel, c’est souvent un nous. Rien ne se fait en dehors de cela."

Lors de notre entretien, la militante marque une pause : “Il y a quelque chose de très important pour moi, c’est que quand je dis 'je', ce n’est jamais un 'je' individuel, c’est souvent un nous. Rien ne se fait en dehors de cela, c’est bien évident". Toutes les activités et les initiatives auxquelles elle a participé "ne peuvent exister que par un travail collectif, et donc précieux.” Pas question, dès lors, de s'ériger en héroïne des revendications lesbiennes, mais plutôt en porteuse, transmettrice, oui. C’est peut-être pour cela que son récit est parsemé des noms de ses camarades de route.

Suzette Robichon et Monique Wittig

Donc nous décidons de faire un numéro de Vlasta sur Monique Wittig, et je la rencontre en 1983 ou 1984.” La théoricienne est alors de passage en France pour la diffusion de sa pièce Le Voyage sans fin. Avec Wittig, de douze ans son aînée, Suzette tisse un lien qui durera jusqu'à la mort de l'autrice lesbienne et féministe. “On devient très amies. On s’écrit, on se téléphone”, raconte pudiquement Suzette au sujet de l'écrivaine, qui a rejoint les États-Unis en 1973 après avoir été marginalisée au sein du MLF, qu’elle avait pourtant cofondé – le lien qu’elle établissait entre patriarcat et hétérosexualité n'y étant pas accepté.

C’est une amitié et peut-être surtout une filiation intellectuelle qui se tisse entre Wittig et Suzette. “Quand je lis Les Guérillères [1969], où le "elles" que Wittig utilise a une valeur d’universel… quand je lis Le Corps lesbien [1973], avec son “j/e” brisé, ou plus tard Virgile, non [1985], ça me parle. Ça va former mon imaginaire, c’est très poétique. Même si je ne comprends pas forcément tout de suite tout ce qu’elle veut faire en tant qu’auteure, et qui sera explicité avec Le Chantier littéraire [inédit paru en 2010]”, explique Suzette avec passion, qui, à partir du moment où paraît ce fameux numéro de Vlasta consacré à l'autrice exilée, s'engage “inconsciemment à faire connaître son œuvre”. 

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On peut dire que la promesse a été tenue. En 2001, aux côtés du sociologue Sam Bourcier, elle organise un colloque international sur l'œuvre de Wittig. Avec la diffusion de La Pensée straight en France, l'autrice s’est progressivement installée comme une des principales théoriciennes féministes du pays. “C’est là que je me suis dit qu’il fallait aussi faire connaître son œuvre littéraire. On ne peut voir Wittig seulement sous l’angle de La Pensée straight. C’est avant tout une écrivaine”, tranche Suzette. 

Pour ce faire, en 2014, elle fonde l'association Les Ami.es de Monique Wittig, avec l’écrivaine Anne F. Garréta, pour relayer la pensée de son amie décédée en 2003. “Je ne pouvais pas éternellement dire ‘je suis une amie de Monique Wittig', il fallait créer une structure, explique Suzette. À partir de là, on a démarré des lectures à la maison de la poésie.” L’OpoponaxLes GuerrillèresLe Voyage sans fin sont lus en public par Adèle Haenel ou encore Virginie Despentes. Des initiatives qui participent à la meilleure connaissance de Monique Wittig en France. “Mon travail, c’est de la faire connaître. Je ne suis pas universitaire. Je ne me situe pas dans ce champ-là, mais dans le milieu activiste”, précise la militante.

Éditrice de Natalie Clifford Barney et Rosa Bonheur

Mais en plus de son travail sur Monique Wittig, Suzette Robichon multiplie les initiatives en faveur de la transmission d’une mémoire lesbienne. "En 2002, on a fait un guide lesbien de Paris en allemand, Lesbisches Paris, avec ma compagne, Traude Bührmann, qui est berlinoise.” En visitant la ville l’ouvrage à la main, on en découvre l’envers lesbien avec toute sa densité historique. Et en 2019, Suzette a également édité l’échange épistolaire entre une héritière et une courtisane de la Belle Époque : Correspondance amoureuse de Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy.

Afin de transmettre plus qu'une mémoire et des convictions, Suzette Robichon crée en 2016 le fonds Lesbiennes d’intérêt général (LIG) avec, entre autres, Veronica Noseda et Cécile Chartrain. La démarche se situe dans la lignée du testament de Rosa Bonheur, que la militante a édité en 2012, et dans lequel la peintre avait écrit à ses frères et sœurs qu'elle préférait léguer sa fortune à sa compagne. “Je donne et lègue à Mlle Anna-Elizabeth Klumpke, ma compagne et collègue peintre et mon amie, tout ce que je posséderai au jour de mon décès, l’instituant ma légataire universelle.” L’idée reste la même pour le fonds : ancrer des liens de solidarité entre lesbiennes, et laisser un bel héritage. 

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Illustration : Thibault Millet